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paella

  • Jour 2 : Figueres

    Nous quittons Le Boulou tôt dans la matinée, avec l’idée de prendre le petit déjeuner de l’autre coté de la frontière, à Figueras. La distance est réduite, à peine une quarantaine de kilomètres, et l’autoroute traverse le massif des Alberges en offrant une très belle vue sur la montagne.

    En arrivant à Figueras, pas la peine de se demander où est le musée : nous arrivons directement face à lui, avec sa façade rouge ornée d’œufs. Par contre, garer relève du défi, surtout dans une ville en travaux et avec un GPS un peu dépassé par les événements ! Je finis par trouver une place dans une petite rue et nous remontons vers le centre ville. Sur le chemin, quelques échoppes spécialisées dans le jambon offrent des vitrines particulièrement tentantes, avec des « pernil » de toutes catégories accrochées en rang d’oignons dans toute la boutique.

    Nous achetons dans une boulangerie une viennoiserie non identifiée bien que visiblement très commune, une sorte d’escargot poudré de sucre glace : la consistance est entre la pate feuilletée et la brioche avec un petit gout indéfinissable. J’apprends plus tard qu’il s’agit d’une « ensaimada », brioche au saindoux (c’était donc ça le petit gout !).

    Notre première visite sera l’église Sant Pere, toute proche du musée Dali (rien n’est loin de toute façon à Figueras, c’est une toute petite ville avec un centre très resserré).

    Datant de la fin du 14e, elle est citée comme exemple du gothique catalan. Plus épuré que le gothique flamboyant tel qu’on peut le connaitre ailleurs, l’église offre une chapelle au plafond de mosaïque et une belle luminosité malgré des vitraux de taille modeste. Près de la chapelle, une vierge des sept douleurs, drapée de velours marine et couronnée d’une grande auréole d’argent ouvragé, se penche sur un christ blessé et entouré de chérubins grimaçants de désespoir. Le tympan, à l’entrée de l’église, présente la particularité d’être à la fois en relief et polychrome : il représente saint Pierre, un filet de pêcheur sur les bras, invitant qui le regarde à le suivre.

    Après la visite de l’église, nous décidons d’organiser un pique nique urbain, avec les fruits achetés sur le marché du Boulou et… un sandwich de chez Ibericus, un des marchants de jambon croisés plus tôt, un chef d’œuvre du genre. Installés sur les escaliers qui descendent de la place Gala-Salvator Dali, nous avons tout loisir de regarder les touristes se faire photographier dans toutes les attitudes possibles devant une statue de Dali posée au milieu des escaliers, l'hommage à Newton, avec son déhanchement et sa "pomme" en suspension au creux du ventre. La palme revient aux touristes russes, qui semblent avoir une prédilection plus que nette pour les poses de starlettes. C’est assez rigolo à observer.

    Nous choisissons pour prendre notre café le « Dalicatessen », pour le clin d’œil avec le maitre du lieu. A l’intérieur, une déco sur mesure : figurine grandeur nature de Dali, reproductions des fameuses montres molles, portraits,…Le café est accompagné d’une carte postale publicitaire du lieu, figurant une voiture dotée de fines moustaches recourbées (la Cadillac de l’artiste, sans doute). Un excellent préliminaire à la visite du musée-théâtre qui nous occupera toute l’après midi. C’est un lieu assez extraordinaire, qui, plus qu’une simple collection de toiles, fait entrer le visiteur dans l’univers de l’artiste. Comme le Guggenheim de NYC, le lieu vaut autant que la collection qu’il continent, par son architecture, et mérite bien son nom de « musée théâtre » tant tout y est mis en scène et chorégraphié. On y retrouve des œuvres connues comme Leda atomique (une de mes toiles préférées), les portraits de Gala, puis des compositions plus loufoques comme la Venus de Milo aux tiroirs, des salles consacrées aux illusions d’optiques et stéréotypies, et le fameux plafond de la salle dit « palais du vent », montrant Dali et Gala vu en contreplongée avec eu premier plan leurs plantes de pieds.  Par contre, je n’ai pas retrouvé toutes les œuvres qui, dans on souvenir figuraient dans ce musée : les montres molles, les éléphants à patte d’insectes par exemple, pourtant nous n’avons omis aucune salle dans notre visite. Mon souvenir était peut – être faussé, ou alors les collections varient-elles périodiquement. Il y avait par exemple des artistes « invités » que je ne me souvenais pas du tout avoir vus la dernière fois –ceci dit, cette dernière visite remontant à une vingtaine d’année, je ne peux pas vraiment faire confiance à ma mémoire sur ce sujet.

    Sortis du musée, nous retournons sur la place de la mairie pour un petit gouter constitué d’une « faona » (une sorte de chausson à la crème catalane) et d’un  « xocolat » -le chocolat chaud espagnol est très différent, plus proche d’une crème chaude que l’on déguste à la petite cuillère.

    Je remarque que beaucoup d’affichages privilégient le catalan sur l’espagnol, mais ici à Figueras,  tout le monde –du moins chez les commerçants, semble parler le français, proximité avec la frontière et tourisme obligent. J’ai même trouvé une boutique qui étiquetait l’ensemble de ses marchandises en russe, preuve que la provenance des touristes se diversifie et que les Russes prennent une place importante dans ce marché.

    Après cela, nous décidons de prendre le chemin de l’hôtel pour poser nos affaires et nous rafraichir. Celui-ci est situé dans une zone commerciale à quelques minutes du centre ville, une excellente surprise : bâtiment neuf, literie de qualité, grande salle de bain, le tout pour un prix plus que modique –une adresse à retenir.

    Il est 20 heures passé quand nous décidons de retourner en ville pour la soirée. Je suis surprise de trouver un centre quasi désert, mais il faut croire que Figueras by night ce n’est pas exactement la folie. Les rues animées en journées sont vides, les touristes sont comme évaporés. Sans doute faut-il chercher les soirées plus vivantes du coté de Rosas ou Cadaques, en bord de mer.

    Nous choisissons finalement un resto pas très loin du musée, le Los Angeles. Une bonne pioche, au final, qui nous a permis de faire connaissance avec quelques spécialités : Mejillones a la Vinagreta(des moules cuites, présentées dans leur coquille et couvertes de macédoine en vinaigrette), gazpacho (je me suis promis d’en faire une fois rentrée !) et, bien sur, paella. Seule la crème catalane du dessert ne m’a pas convaincue, trop sucrée.

    La fin de soirée est l’occasion de retourner faire une tour sur la place Gala-Salvator Dali pour admirer la mise en lumière des lieux, plutôt réussie. La façade « classique » du musée-théâtre est éclairée de blanc et vert, mettant en relief les arcades et les statues des « boulangères » (des « muses » portant une simili baguette de pain sur la tête), encadrant un scaphandrier, puis les silhouettes dorées aux bras levés sur l’étage supérieur. On peut aussi admirer la statue devant le musée, monument dédié à Francesc Pujols (un philosophe catalan ami de Dali) une tête sans visage dorée, portant toge, fraise et sceptre, et dont le poitrail est habité d’une foule de personnages. Après un dernier regard sur le globe-verrière du musée, illuminé comme une voute céleste étoilée, dans la perspective de Sant Père, nous quittons Figueras pour rejoindre l’hôtel.

     Les photos : http://mes-peregrinations.blogspot.com/2011/06/figueras_8968.html