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  • Looking back

    Cela fait toujours drôle de revoir, des années après quelqu'un avec qui on a vécu une histoire. On se souvient des bons moments, des raisons de la rupture, on se dit que c'était bien d’être ensemble au début et bien de se séparer à la fin.

    Quand j'ai connu cette personne, il travaillait, faisait des projets d'avenir, comme tout jeune homme finissant sa vingtaine. Nous nous étions installés ensemble -un passage pour l'un et l'autre du nid familial à la vie de couple. Tout allait bien au début, puis des divergences sont apparues : j'avais envie de bouger, il était casanier, nous partagions peu de goûts ou d'activités. Nous nous sommes mis à vivre à coté l'un de l'autre plus qu'ensemble. Puis il a cessé de travailler. Puis son père est tombé malade, et nous avons enchaîné pendant près d'un an les week-end à l’hôpital, jusqu'à l'issue fatale. L'épreuve ne nous a pas rapproché. Il a décrété que, puisqu'il allait mourir à 50 ans comme son père, ce n'était pas la peine qu'il se fatigue à aller travailler. Je me suis donc retrouvée à vivre avec quelqu'un qui dormait quand je partais au boulot, et que je retrouvais le soir vautré sur le canapé. Ce n'était plus possible, il n'y avait plus de projet, plus d'envie, plus de couple. Des disputes, puis une séparation. Sa mère, très rapidement après notre séparation, est aussi tombée malade, elle est morte moins de 2 ans plus tard. Égoïstement j'étais soulagée de ne pas avoir eu à traverser cela aussi . J'avais bien rendu une ou deux visite de courtoisie à la malade, mais cette histoire ne m'appartenait déjà plus.

    Cette semaine, j'ai dû reprendre contact avec lui pour établir un papier officiel disant qu'il n'habitait plus chez moi depuis plusieurs années. Je suis donc retournée le voir, dans sa maison de famille, celle héritée de ses parents, où il habite et qu'il partage avec un de ses frères - étrange cohabitation puisqu'ils font tout leur possible pour se croiser le moins possible.

    Je n'ai jamais trouvé cette maison agréable : sombre, encombrée, "rustique"version "brut de décoffrage". Elle l'était un peu moins du vivant de sa mère : sombre oui car c'est une vieille maison aux murs épais et aux petites fenêtres, encombrée aussi mais de façon un peu plus accueillante. J'ai retrouvé là une sorte de maison de vieux garçons, en désordre, peu entretenue, froide.

    Il ne travaille pas, vit du RSA , replié dans sa maison : il a récupéré à l'étage une chambre et la salle de bain attenante, un mouchoir de poche au crépi blanc sale, avec un lit toujours défait, une télé, une collection de DVD. Il s'est rajouté une plaque chauffante pour se faire à manger sans avoir à descendre dans la pièce commune et stocke sa nourriture dans le placard de la chambre. Il m'explique qu'il a la vie qu'il voulait, tranquille, dans sa maison et sans travailler. Il vit du RSA et des aides publiques, espère que la gauche va passer pour obtenir plus d'aides sociales. Il cultive un peu d'herbe pour arrondir ses fins de mois.

    Je suis contente qu'il ait une vie qui lui convienne, même si je ne peux pas m’empêcher de douter que l'on choisisse vraiment ce genre d’existence, ce renoncement à construire et à progresser , qu'on soit vraiment heureux dans un si petit périmètre et avec de si petites perspectives. Je ne peux pas m’empêcher de trouver cela un peu triste et sordide. Triste surtout parce que c'est une vie qui le condamne à la solitude -quelle fille viendrait durablement s'installer dans ce système? Je lui souhaite néanmoins de trouver quelqu'un qui accepteras de vivre dans un petit village et une vieille maison avec un homme qui vit des aides sociales, je me dis que s'il rencontre quelqu'un il changera et reprendra le chemin de la vie mais ans trop y croire -j'avais déployé beaucoup d'énergie pour ça à l'époque et ça n'avait pas marché.

    Je pense que nous étions tout de même contents de nous revoir, il a été adorable pour mon document administratif et il m'a reçue à bras ouverts. Nous avons discuté comme de vieux amis . Il n'y a plus de rancune ou d'animosité entre nous. Il y a juste le temps qui a passé et les chemins qui ont divergé.