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J'y étais

Ce soir à 18h30 était organisé place de la Mairie un rassemblement en hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. J’y étais. Je n’étais pas seule. La place était pleine de monde, une foule dense de jeunes et moins de  jeunes, ados, couples, enfants, aixois et étudiants. Tous s’étaient donné le mot pour être là et saluer la mémoire des 12 victimes, clamer leur attachement à la liberté d’expression, à la liberté de la presse, à la liberté tout court.

Un bref discours donné par Philippe Senegas, (de la Ligue des Droits de l’Homme) , aux mots justes et choisi, sans récupération politique, se termine par une lecture partielle du poème d’Éluard :

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Liberté

Le début du rassemblement s’est fait dans le silence, un silence impressionnant au vu de la foule présente. Des bougies, fleurs et petits mots sont disposés sur les rebords de fenêtre de la mairie, et sur le socle du grand sapin de Noël toujours présent une main anonyme a écrit «  c’est l’encre qui doit couler et non le sang ». Parmi de nombreux panneaux « je suis Charlie », quelques autres slogans et des stylos dressés. Puis c’est le 1er couplet de la Marseillaise qui s’élève, après une minute de silence. Il sera repris de nombreuses fois, entre les appels divers : « liberté d’expression », «Charlie est vivant » et «  on n’a pas peur ».

J’ai quitté la manifestation au moment où elle descendait vers la Rotonde et le cours Mirabeau. En rentrant, j’ai vu Patrick Pelloux au journal, et comme ce matin en l’écoutant à la radio, j’ai eu les larmes aux yeux. J’admire sa force d’avoir ce discours sans haine, alors même qu’il est frappé en plein cœur par cette tragédie, sa dignité malgré l’intense émotion.

Merci à lui de continuer à porter ce discours d’ouverture à l’heure où fleurissent ça et là les commentaires vengeurs et/ou abjects.

Merci de cette humanité qui est la sienne.

Que cela nous serve de leçon à tous pour continuer, demain, après-demain et tous les jours qui vont suivre, à porter ces valeurs .

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