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Voyage - Page 4

  • Jour 4 : Barcelone §2

    Au programme de cette journée, itinéraire Gaudi : parc Güell, Casa Batllo, Sagrada Familia.

    Par bonheur le temps s’est mis enfin au beau et nous avons pour la première fois du séjour droit à du grand soleil.

    Nous arrivons au parc Güell par la face escarpée : la station de métro Vallcarca, la plus proche,  nous laisse en contrebas et nous devons remonter une rue particulièrement pentue pour accéder au parc.  Certaines portions de la rue ont d’ailleurs été agrémentées de volées d’escaliers (et d’escalator) afin de faciliter la grimpette.

    On arrive dans le parc près de la « colline des trois croix », le point culminant où se dressent trois croix de pierre.  Le lieu qui offre une vue imprenable sur la ville. Le ciel clair et le temps dégagé nous permettent de profiter pleinement de ce panorama remarquable, qui rappelle au cas où on l’oublierait, que Barcelone est une ville immense.

    Partout sur le chemin qui descend vers le reste un parc, des vendeurs à la sauvette installent leurs petits étals, proposant foulards, éventails, bijoux… On arrive à l’esplanade où Gaudi a installé son célèbre banc de mosaïque, qui serpente sur tout le pourtour. Là aussi, les vendeurs ambulants proposent leurs babioles à bon marché –le temps de faire quelques photos des magnifiques bougainvilliers et des « maisons pain d’épice » qui bornent l’entrée du parc, que l’apparition d’une voiture de la police urbaine les aura fait s’évaporer comme par magie.

    Heureusement, une portion du banc est balisée et interdite d’accès par des rubans : cela permet d’apprécier les mosaïques, impossible ailleurs à voir car cachées  par les popotins des touristes assis. En guise de gargouilles, des têtes de chien prolongent les écoulements prévus dans le banc.

    En dessous de l’esplanade, la salle hypostyle dite « salle des cents colonnes » : 86 colonnes blanches et un plafond constellé de soleils de mosaïques. Elle abrite un joueur de guitare et une danseuse exécutant une sorte de flamenco avec des éventails ornés de rubans comme des flammes. On parvient ensuite aux escaliers avec la fameuse salamandre bleue, qui accueille les visiteurs arrivant par l’entrée basse du parc, rue Olot. Mascotte du lieu, mais inapprochable en raison du flot ininterrompu des touristes qui se pressent pour se faire photographier à coté. De part et d’autre de l’entrée, les maisons « Hansel et Gretel », qui semblent faites de nougatine et de crème fouettée : murs de brique, toits et fenêtres ornés de céramique colorée, et pour l’une d’entre elle, une sorte de clocher portant une croix à 4 bras, typique de Gaudi.  Ces pavillons abritent respectivement la conciergerie (et une expo payante) et la boutique de souvenir. On y retrouvera la salamandre déclinée sous toutes les formes : porte clé, presse papier et autres.

    Le parc est fermé coté rue Olot par une grille de fer forgé elle-même conçue par Gaudi, sur des motifs végétaux.

    Nous rejoignons le métro le plus proche, Lesseps, à 1 km et demi.  Heureusement cette fois, ça descend et le quartier est agréable. Des fontaines d’eau potable sur le chemin nous permettent de nous rafraîchir et de remplir notre bouteille, elles sont particulièrement bienvenues.

    Le métro nous conduit juqu’àu Passeig de Gracia, et à la casa Battlo. On tombe immédiatement dessus en sortant du métro, cueillis par cette maison incroyable.

    Appelée aussi «Casa de los huesos » à cause des balcons qui peuvent rappeler des ossements, sa façade multicolore de céramique et de verre évoque aussi bien la mer qu’un jardin, et le toit, coiffé lui aussi d’une croix à 4 branches, figure un dragon ondulant. Par chance, il n’y a quasiment pas de queue pour entrer et bénéficier de la visite du lieu.

    C’est entrer dans un lieu surprenant et envoutant que de visiter la casa Batllo. Une rampe de bois évoquant une colonne vertébrale borde l’escalier qui permet d’accéder aux étages, elle est faite de manière à suivre d’une manière parfaitement fluide le geste de la main. Au centre, le puits de lumière tout couvert de faïence bleue, dans un savant dégradé allant du bleu très clair en bas vers un bleu soutenu en haut (afin que la perception de la couleur, en fonction de l’exposition à la lumière, paraisse lissée et homogène), abrite un ascenseur et éclaire l’ensemble des pièces par l’intérieur. La pièce la plus remarquable est sans doute le salon du premier étage, qui se trouve derrière le grand balcon aux formes osseuses :  plafond en relief de tourbillon, boiseries douces, vitraux, et même des paravents de bois et de verre qui permettent de moduler l’espace et de séparer les deux extrémités du salon en les transformant en petites pièces autonomes. Comme Le Corbusier, Gaudi ne laisse rien au hasard : rien de gratuit dans les formes décoratives des poignées de porte, dont le moulage s’adapte parfaitement à la main (Gaudi a conçu lui-même le moule en argile sur sa propre main avant de faire fabriquer les éléments en bronze), ni dans les systèmes d’aération des pièces inspirés des ouïes des poissons, qui permet de moduler grâce à des lames de bois la circulation de l’air chaud ou frais entre l’intérieur et l’extérieur -la climatisation avant l’heure, en somme.

    On trouve aussi, ailleurs, une cheminée bâtie directement dans le mur, au fond d’une sorte d’alcôve en forme de champignon et flaquée de deux bancs (permettant d’accueillir, dit on, un jeune couple et son chaperon), une cour intérieure décorée de jardinières de céramique, un grenier dont les arcades font penser à une cage thoracique que baleine.

    On arrive enfin au toit, qui mérite lui aussi la visite : cheminées regroupées et façonnées en céramique colorée, citerne, et surtout une vue imprenable sur le « dragon » et la croix gaudienne. Son épine dorsale est faite de tuiles rondes dans un dégradé de couleurs allant du bleu au rouge, le flanc visible de la rue est couvert de grandes écailles, l’autre est une mosaïque d’ocres et de blanc. La métaphore est filée jusqu’au bout !

    A proximité, deux autres maisons remarquables : la casa Amatller et la casa Morera. Baptisé « ilot de la discorde » ce groupe de bâtiment confronte 3 expressions très différentes pourtant issues d’un même courant architectural, le modernisme.

    Après cette magnifique visite, nous décidons de nous poser pour manger quelques tapas revigorants. C’est « Tapas Tapas » sur le passeig de gracia qui fera notre bonheur.  Pas forcement l’adresse la plus authentique de la ville vu le quartier très hype, mais une carte attractive et surtout, le bon gout d’être au bon endroit au bon moment ! Nous optons donc pour des « patatas bravas » (frites arrosées d’aioli et de sauce tomate relevée, une curiosité), des  « xoricets » (mini chorizos rôtis, un délice !), de la « salade russe » (une macédoine liée à la mayonnaise et agrémentée de thon) et de nouveau des « croquetes de pernil ».

    La prochaine cible est la Casa Mila : nous remontons donc le passeig de gracia sur quelques blocs (le quartier de l’Eixample est découpé à la manière d’une grille où les rues se croisent à angle droit), pour trouver cette imposante bâtisse de 7 étages.

    La particularité de cette avenue (longue de 5km tout de même !) est de proposer, où que le regard se pose, d’incroyables maisons. Les rez-de-chaussée sont occupés par des boutiques (de luxe, pour la plupart) mais il faut lever le nez pour apprécier les immeubles bourgeois rivalisant de moulures, de balcons ornés, de tourelles vitrées comme des oriels d’angle. Là aussi, on a cette impression de « feu d’artifice » où une merveille succède à une merveille.

    Nous ne ferons pas la visite de la Pedrera (file d’attente, prix des visites, timing….) mais nous prenons tout de même le temps d’admirer la façade blanche, comme une falaise ondulante, les balcons de fer forgé évoquant des rubans d’algue et des entrelacs végétaux. Comme pour la Casa Batllo, pas de lignes droites, et une architecture fluide, inspirée des formes de la nature.

    En traversant, on peut mieux voir le toit et les cheminées qui ressemblent à des heaumes de chevaliers, gardiens hiératiques postés comme des vigies au dessus de la ville. C’est, dit on, la dernière œuvre civile de Gaudi qui se consacrera ensuite à des monuments religieux.

    Justement, la prochaine étape est la Sagrada Familia. La carrer Provença nous y amenerait tout droit, mais nous faisons un détour pour voir une autre curiosité, la Casa Terrades, dite « casa de les punxes » : une sorte de château de conte de fée, avec ses toits pointus et ses moulures blanches sur des murs de briques rouge, à l’angle de l’immense avenue Diagonal. Œuvre de l’architecte Josep Puig i Cadalfach (comme la casa Amatller) c’est un bâtiment privé, qui ne se visite pas.

    Nous aurions pu prendre le métro pour rejoindre la Sagrada Familia, mais, voyant qu’il n’y avait qu’une seule station, nous optons pour la marche à pieds. Difficile d’évaluer les distances avec un plan sans échelle, la basilique n’est pas si près que ça ! On en aperçoit de loin les clochers et les grues, avant d’y arriver en traversant un petit jardin public.

    Evidement, l’accès est payant, avec un supplément pour l’audio guide –j’imagine que cet argent sert à financer les travaux, dont l’achèvement est prévu pour 2025.

    Je n’avais pas de souvenirs précis de l’église, hormis les escaliers en colimaçon des tours et le vertige qui va avec. Je l’ai donc redécouverte d’un œil neuf. Cette fois, l’accès aux tours était fermé, sans doute à cause des travaux, ainsi que le centre de la nef et le chœur.

    L’entrée se fait côté façade de la Passion, où un christ flagellé accueille le visiteur, et par une porte monumentale où sont inscrits des extraits des évangiles. Le porche monumental repose sur des colonnes qui me font penser à des rideaux tirés de part et d’autre d’une scène. Les statues ici sont l’œuvre de Subirachs, qui a également disposé à plusieurs endroits des cryptogrammes (en quelque sorte, un hybride du « sudoku » et du « compte est bon » : un carré de 4 sur 4, rempli de chiffres dont l’addition donne 33, avec plus de 300 combinaisons possibles pour obtenir ce chiffre). Leur austérité, liée à la façon dont le sculpteur schématise les silhouettes et les visages, renforce l’aspect dramatique de cette façade de la passion.

    Une fois franchi ce portail, l’entrée dans la nef est une sorte de plongée au milieu de la lumière. On se retrouve au milieu d’une forêt de piliers qui ressemblent à des arbres dont les palmes s’épanouissent 75m plus haut. Les vitraux contemporains en dégradé de couleurs rouge et bleu, nimbent la nef d’une magnifique lumière, très douce. Toutes les fenêtres ne sont pas habillées de vitraux : une partie d’entre elles est simplement revêtue de vitres blanches, permettant au jour d’entrer de façon très naturelle et, en se réverbérant sur la pierre blanche des piliers et des cloisons, d’éclairer complètement l’église. Dans le chœur, un Christ suspendu semble abrité par un parasol de lumières et surmonté, au plafond, d’un triangle doré symbolisant la sainte trinité. Il faut dire que cette basilique, comparée à un poème mystique, décline partout les symboles. Encore une fois, Gaudi ne laisse rien au hasard dans sa construction, même si le visiteur ne peut pas tout voir ou tout comprendre.

    On ressort à la fin sous la façade de la Nativité, totalement différente de la façade de la Passion. Le foisonnement de statues et de détails surprend : la façade de la Passion était presque dépouillée, ici anges, personnages et animaux recouvrent les murs. Un cyprès abritant un envol de colombes (l’arbre de vie) surplombe le portail, lui-même surmonté d’un Tau symbolisant Dieu le père. C’est la seule façade de la basilique à avoir été construite du vivant de Gaudi, elle comporte 3 portails (celui de la Foi, de la Charité et de l’Espérance), une foule de motifs végétaux et animaux, et deux tortues servant de base aux piliers. Ici les représentations sont traitées de manière réaliste et assez classiques. On retrouve bien sur une nativité, l’annonce faite à Marie, les anges musiciens et des épisodes de l’enfance du Christ : la part heureuse et presque bucolique par opposition à la tourmente et à la souffrance exprimée sur la façade de la Passion. On pourrait passer des heures entières à regarder la façade pour en saisir tous les détails.

    La Sagrada Familia est néanmoins une œuvre encore inachevé : la façade de la Gloire est à peine commencée et il manque encore une dizaine de tours - il n’y en a aujourd’hui « que » 8. Ce sont elles que l’on voit se dresser, de très loin, coiffées de leurs croix rayonnantes couvertes de céramiques colorées, entre les grues. Au final, si la dernière pierre est posée à la date prévue, il aura fallu 150 ans de travaux pour construire cet édifice.

     Après cette ultime visite (nous faisons la clôture du site), nous optons pour le métro pour regagner le centre et manger. Nous commençons en effet à nous sentir sérieusement fatigués après les kilomètres avalés dans la journée. L’idée première était d’aller sur le port pour souper face à la mer, nous descendons donc à la station Barcelonetta. Malheureusement il faut se rendre à l’évidence : les prix des restaurants sur la promenade du port sont prohibitifs. N’ayant pas l’envie ni l’énergie de faire encore une longue distance à pieds, nous nous replions sur le centre dans l’idée de trouver un resto –si possible, autre chose que des tapas pour notre dernier soir barcelonais. Par chance, nous tombons sur un resto orienté « word food », dans une toute petite rue qui ne paie pas de mine. Il est 21h passées et nous sommes fourbus, la carte semble sympa et l’ambiance aussi, nous décidons donc de nous y poser. Le hasard nous aura donné raison : la cuisine est créative, d’une belle qualité et ça change des tapas et des fritures (il faut reconnaitre que la cuisine espagnole « tradi », bien que savoureuse, est plutôt grasse !).

    Après un rapide tour dans le quartier histoire de gouter une dernière fois à l’animation et à l’ambiance festive, nous grimpons dans le métro pour regagner l’hôtel, les yeux encore tous pleins d’étincelles après cette journée.

    Les photos, c'est ici : http://mes-peregrinations.blogspot.com/2011/06/barcelone_3966.html

  • Jour 3 : Barcelone §1

    Nous quittons Figueras après un café pris rapidement à l’hôtel, pour rejoindre Barcelone. Il faut presque une heure et demie pour relier les deux villes, distantes de 150 kms. Nous rejoignons directement l’hôtel qui promettait lors du boocking sur internet des places de parking gratuites et une station de métro à proximité, la package apparemment idéal pour cette ville. En effet, celui-ci est situé dans un quartier résidentiel un peu excentré et très calme. Nous laissons nos bagages à la réception, étant arrivés avant l’heure du check-in. Le réceptionniste ne parle pas couramment français, nous communiquons donc dans un mélange d’anglais, d’espagnol et de français. Il nous donne une carte de la ville en nous indiquant l’emplacement de la station de métro, et les principaux endroits à visiter. Les conseils touristiques sont assortis de mises en gardes répétées : attention à vos sacs et appareils photos, attention dans le métro, attention sur la Rambla…le tout en considérant nos attirails avec une sorte de réprobation contenue.

    Effectivement, la station « Valldaura » est à quelques minutes à pied. Nous restons de longues minutes à considérer le plan de métro et les systèmes d’abonnement et de forfaits, avant d’opter pour une carte valable 10 trajets. Il ne faut qu’une vingtaine de minutes pour rallier la Plaça Catalunya. Nous émergeons du métro en plein midi et c’est le bain de foule instantané. La place est occupée par les « indignados », qui y ont installé tentes, banderoles et autres stands altermondialistes. Les statues de la place sont toutes ornées de pancartes couvertes de slogans (que je ne peux pas traduire, ne parlant pas un mot d’espagnol), de cordes et de sacs (paniers à provision ?). On s’attendrait même à trouver une corde à linge avec chaussettes et caleçons tendue au milieu tant l’ambiance ressemble à celle d’un camping un peu hippie, pacifiste et décontracté.

    Nous nous orientons pour commencer vers le quartier gothique. Il s’agit de la partie médiévale de la ville, faite d’un entrelacs de rues étroites et de places. La météo n’étant pas de notre coté, nous essuyons une averse tandis que nous cheminons dans les petites rues. Nous passons près de la cathédrale de la Seu ( de son nom intégral « Santa Creu i Santa Eulalia»), en réfection, et dans la rue Bisbe, sous une arche néogothique assez spectaculaire (construite en réalité en 1927 !) qui relie le palau de la generalitat (gouvernement catalan) à la résidence officielle du président de la generalitat de catalunya de l’autre coté de la rue. La rue s’orne d’une magnifique façade –réellement médiévale, celle-ci, avec un médaillon montrant st Georges terrassant le dragon et de très belles sculptures, mi gargouilles mi statues.

    Nous cheminons de ruelle en ruelle jusqu’à la Plaça del Pi ou nous nous posons enfin pour manger. Il est 15 heures, une heure honorable pour un déjeuner ! Nous profitons d’une éclaircie et d’un rayon de soleil chaud pour prendre place en terrasse tout près de l’église ND Del Pi. Un chanteur de rue, très élégant en costume noir et cheveux gominés,  gratte la guitare devant les touristes attablés : de besa me mucho à guantanamera tout les classiques espagnols y passeront, sans pour autant remplir le chapeau qu’il tendra ensuite à la cantonade...

    J’opte pour un Arroz Negro (plat de riz cuit à l’encre de seiche et garni de calmars), monsieur pour une Fideùa (variante de la paella, où le riz est remplacé par une variété très spécifique de petites pâtes). Le tout arrosé une bière San Miguel –n’ayant pas précisé, le serveur nous apporté d’office la pinte, à se demander si c’est l’usage ici de boire un demi litre de bière en mangeant ou de surfacturer légèrement les touristes… Après avoir fait le tour de la plaça, nous redescendons vers la cathédrale pour la visiter.

    Celle ci révèle à son tour des surprises. Devoir payer 6€ pour entrer et visiter certaines parties (chœur, musée,…) sans préciser qu’à partir de 17h30 l’entrée est gratuite et les parties payantes fermées, est la première. Du coup, nous n’avons pas pu voir le musée (heure de fermeture précoce oblige !) et le chœur était lui aussi en réfection, nous avons donc payé pour rien si ce n’est pour le petit luxe de visiter le lieu dehors de la foule (et l’impression de se faire pigeonner pour la 2e fois de la journée, bien sur).

    La particularité de cette cathédrale est de posséder un cloître des plus exotiques, avec un jardin rectangulaire, bordé de grilles ouvragées, et planté d’orangers, de magnolias et de palmiers, un bassin aux poissons rouges, une fontaine d’eau bénite dédiée à St Georges, et surtout, 13 oies en résidence permanente, un hommage à la sainte patronne du lieu, Eulalie, 13 ans au moment où elle est passée au bûcher pour avoir dit au gouverneur Dacien qu’elle le trouvait méchant avec les chrétiens. (Ne me demandez  si le choix d’animaux souvent destinés à finir rôtis est un également un clin d’œil à la patronne du lieu et à sa triste fin…)

    Evidement les oies amusent beaucoup les touristes -je n’y déroge pas,  mais le jardin du cloître est vraiment joli, surtout lorsque le soleil s’invite et joue avec les transparences des feuilles et de l’eau au milieu des piliers et des arcades. C’est une atmosphère très agréable, un peu décalée, suspendue : je n’ai jamais rencontré d’autres cloîtres comme celui-ci.

    A l’intérieur, de nombreuses parties de l’église sont bâchées pour travaux, ce qui gâche un peu les perspectives et la contemplation du lieu. Comme souvent, il s’agit d’un édifice roman qui a été repris et a évolué en édifice gothique au fil du temps et de la construction –la façade elle-même datant du XIXe. C’est la largeur de la nef (longue tout de même de 29 mètres), donnant l’impression d’un espace à la fois vaste et unitaire, qui frappe, plus que la hauteur de celle-ci. De robustes piliers amènent aux arcades et aux coupoles du plafond. Les sièges du chœur, situé en plein milieu de la nef et fermé, sont particulièrement ornés, dans le style gothique flamboyant: Charles Quint y aurait rassemblé les chevaliers de la toison d’or en 1519.

    Dans la crypte, spacieuse et lumineuse pour une pièce de ce genre, on trouve le sarcophage d’Eulalie, tout de marbre blanc et sculpté de scènes de sa vie –et de son martyre aussi évidemment, sarcophage dans lequel est sensé reposer la dépouille de la sainte.

    Une fois sortis de la cathédrale, nous quittons le quartier gothique pour la Ribera et le palau de la mùsica catalana. Œuvre de l’architecte Luis Domenech i Montaner, le bâtiment est considéré comme un exemplaire particulièrement représentatif de l’école moderniste espagnole, et fait partie du patrimoine Unesco depuis 1997. Il s’agit d’une folie architecturale très sympathique, associant brique rouge, mosaïque et vitraux. On y retrouve des bustes de grands musiciens (Wagner, P            alestrina, Beethoven,…), des motifs floraux rappelant l’Art Nouveau à la Mucha, des colonnes, une coupole surmontée de sortes d’aigrettes improbables. A l’angle, une grande sculpture habille la façade comme une figure de proue. L’ensemble, certes fantasque, pourrait paraitre improbable et  saugrenu s’il n’était pas, au final, aussi pétillant et harmonieux. Nous ne pourrons pas visiter l’intérieur, pourtant réputé remarquable, les horaires de visite étant passés, mais le hall d’entrée, qui habite un restaurant, est décoré à l’avenant de mosaïques et vitraux dans un esprit très Art Nouveau. Nous nous posons pour boire un café dans un bistrot juste en face, qui offre un point de vue imprenable sur la façade, que nous ne nous privons pas de contempler.

    Après nous être reposés, nous reprenons notre périple vers le quartier El Born, dans l’optique d’y trouver un bar à tapas. Nous arrivons donc sur la place de l’église st Marie de la Mer, que nous ne visiterons pas faute d’être en phase avec les horaires d’ouverture du lieu. C’est un quartier très animé aussi, d’une belle richesse architecturale. De manière générale, Barcelone est une sorte de pochette surprise: partout où porte le regard, ce sont des façades ornementées, des bâtiments majestueux, des fantaisies architecturales, des statues… On est à peine passé devant un bâtiment remarquable qu’on en rencontre un plus remarquable encore.

    Les établissements de type restaurant à tapas sont nombreux dans le quartier, et la clientèle ne manque pas. Nous atterrissons finalement dans un resto tapas assez trendy, pour goûter quelques spécialités : croquettes de pernil (des croquettes de pomme de terre au jambon, pannées et frites, un agréable mélange de croustillant et de fondant), boutifarra ( saucisse catalane), sardines, calmar à la romaine (dénommés ici « à l’andalouse »), petits poivrons verts frits, friture de jols , pain tomaté, …

    En remontant vers le métro, après le repas, nous profitons de l’animation ambiante : sur la place de l’église, des vendeurs ambulants font démonstration de sorties de toupies volantes lumineuses, plus loin, sur la rue Argenteria, des danseuses sud américaines en jupes colorées. L’ambiance festive et bon enfant incite à flâner, d’autant que le métro tourne jusqu’à très tard (minuit en semaine, 2h du matin le vendredi et carrément 24h/24 le samedi !).

     Les photos :http://mes-peregrinations.blogspot.com/2011/06/barcelone_4336.html

     

     

     

  • Jour 2 : Figueres

    Nous quittons Le Boulou tôt dans la matinée, avec l’idée de prendre le petit déjeuner de l’autre coté de la frontière, à Figueras. La distance est réduite, à peine une quarantaine de kilomètres, et l’autoroute traverse le massif des Alberges en offrant une très belle vue sur la montagne.

    En arrivant à Figueras, pas la peine de se demander où est le musée : nous arrivons directement face à lui, avec sa façade rouge ornée d’œufs. Par contre, garer relève du défi, surtout dans une ville en travaux et avec un GPS un peu dépassé par les événements ! Je finis par trouver une place dans une petite rue et nous remontons vers le centre ville. Sur le chemin, quelques échoppes spécialisées dans le jambon offrent des vitrines particulièrement tentantes, avec des « pernil » de toutes catégories accrochées en rang d’oignons dans toute la boutique.

    Nous achetons dans une boulangerie une viennoiserie non identifiée bien que visiblement très commune, une sorte d’escargot poudré de sucre glace : la consistance est entre la pate feuilletée et la brioche avec un petit gout indéfinissable. J’apprends plus tard qu’il s’agit d’une « ensaimada », brioche au saindoux (c’était donc ça le petit gout !).

    Notre première visite sera l’église Sant Pere, toute proche du musée Dali (rien n’est loin de toute façon à Figueras, c’est une toute petite ville avec un centre très resserré).

    Datant de la fin du 14e, elle est citée comme exemple du gothique catalan. Plus épuré que le gothique flamboyant tel qu’on peut le connaitre ailleurs, l’église offre une chapelle au plafond de mosaïque et une belle luminosité malgré des vitraux de taille modeste. Près de la chapelle, une vierge des sept douleurs, drapée de velours marine et couronnée d’une grande auréole d’argent ouvragé, se penche sur un christ blessé et entouré de chérubins grimaçants de désespoir. Le tympan, à l’entrée de l’église, présente la particularité d’être à la fois en relief et polychrome : il représente saint Pierre, un filet de pêcheur sur les bras, invitant qui le regarde à le suivre.

    Après la visite de l’église, nous décidons d’organiser un pique nique urbain, avec les fruits achetés sur le marché du Boulou et… un sandwich de chez Ibericus, un des marchants de jambon croisés plus tôt, un chef d’œuvre du genre. Installés sur les escaliers qui descendent de la place Gala-Salvator Dali, nous avons tout loisir de regarder les touristes se faire photographier dans toutes les attitudes possibles devant une statue de Dali posée au milieu des escaliers, l'hommage à Newton, avec son déhanchement et sa "pomme" en suspension au creux du ventre. La palme revient aux touristes russes, qui semblent avoir une prédilection plus que nette pour les poses de starlettes. C’est assez rigolo à observer.

    Nous choisissons pour prendre notre café le « Dalicatessen », pour le clin d’œil avec le maitre du lieu. A l’intérieur, une déco sur mesure : figurine grandeur nature de Dali, reproductions des fameuses montres molles, portraits,…Le café est accompagné d’une carte postale publicitaire du lieu, figurant une voiture dotée de fines moustaches recourbées (la Cadillac de l’artiste, sans doute). Un excellent préliminaire à la visite du musée-théâtre qui nous occupera toute l’après midi. C’est un lieu assez extraordinaire, qui, plus qu’une simple collection de toiles, fait entrer le visiteur dans l’univers de l’artiste. Comme le Guggenheim de NYC, le lieu vaut autant que la collection qu’il continent, par son architecture, et mérite bien son nom de « musée théâtre » tant tout y est mis en scène et chorégraphié. On y retrouve des œuvres connues comme Leda atomique (une de mes toiles préférées), les portraits de Gala, puis des compositions plus loufoques comme la Venus de Milo aux tiroirs, des salles consacrées aux illusions d’optiques et stéréotypies, et le fameux plafond de la salle dit « palais du vent », montrant Dali et Gala vu en contreplongée avec eu premier plan leurs plantes de pieds.  Par contre, je n’ai pas retrouvé toutes les œuvres qui, dans on souvenir figuraient dans ce musée : les montres molles, les éléphants à patte d’insectes par exemple, pourtant nous n’avons omis aucune salle dans notre visite. Mon souvenir était peut – être faussé, ou alors les collections varient-elles périodiquement. Il y avait par exemple des artistes « invités » que je ne me souvenais pas du tout avoir vus la dernière fois –ceci dit, cette dernière visite remontant à une vingtaine d’année, je ne peux pas vraiment faire confiance à ma mémoire sur ce sujet.

    Sortis du musée, nous retournons sur la place de la mairie pour un petit gouter constitué d’une « faona » (une sorte de chausson à la crème catalane) et d’un  « xocolat » -le chocolat chaud espagnol est très différent, plus proche d’une crème chaude que l’on déguste à la petite cuillère.

    Je remarque que beaucoup d’affichages privilégient le catalan sur l’espagnol, mais ici à Figueras,  tout le monde –du moins chez les commerçants, semble parler le français, proximité avec la frontière et tourisme obligent. J’ai même trouvé une boutique qui étiquetait l’ensemble de ses marchandises en russe, preuve que la provenance des touristes se diversifie et que les Russes prennent une place importante dans ce marché.

    Après cela, nous décidons de prendre le chemin de l’hôtel pour poser nos affaires et nous rafraichir. Celui-ci est situé dans une zone commerciale à quelques minutes du centre ville, une excellente surprise : bâtiment neuf, literie de qualité, grande salle de bain, le tout pour un prix plus que modique –une adresse à retenir.

    Il est 20 heures passé quand nous décidons de retourner en ville pour la soirée. Je suis surprise de trouver un centre quasi désert, mais il faut croire que Figueras by night ce n’est pas exactement la folie. Les rues animées en journées sont vides, les touristes sont comme évaporés. Sans doute faut-il chercher les soirées plus vivantes du coté de Rosas ou Cadaques, en bord de mer.

    Nous choisissons finalement un resto pas très loin du musée, le Los Angeles. Une bonne pioche, au final, qui nous a permis de faire connaissance avec quelques spécialités : Mejillones a la Vinagreta(des moules cuites, présentées dans leur coquille et couvertes de macédoine en vinaigrette), gazpacho (je me suis promis d’en faire une fois rentrée !) et, bien sur, paella. Seule la crème catalane du dessert ne m’a pas convaincue, trop sucrée.

    La fin de soirée est l’occasion de retourner faire une tour sur la place Gala-Salvator Dali pour admirer la mise en lumière des lieux, plutôt réussie. La façade « classique » du musée-théâtre est éclairée de blanc et vert, mettant en relief les arcades et les statues des « boulangères » (des « muses » portant une simili baguette de pain sur la tête), encadrant un scaphandrier, puis les silhouettes dorées aux bras levés sur l’étage supérieur. On peut aussi admirer la statue devant le musée, monument dédié à Francesc Pujols (un philosophe catalan ami de Dali) une tête sans visage dorée, portant toge, fraise et sceptre, et dont le poitrail est habité d’une foule de personnages. Après un dernier regard sur le globe-verrière du musée, illuminé comme une voute céleste étoilée, dans la perspective de Sant Père, nous quittons Figueras pour rejoindre l’hôtel.

     Les photos : http://mes-peregrinations.blogspot.com/2011/06/figueras_8968.html