Il n’y aura donc jamais de symétrie entre nous.
La place qui est la tienne, la place de cette histoire, pour fondatrice qu’elle ait été pour moi, ne peut trouver son équivalent dans ta vie.
Je le comprends aujourd’hui et je le constate sans rancœur.
Te revoir fut une sorte de défi, après avoir été une vraie déchirure. (Il m’a fallu du temps pour apprendre à guérir de toi.)
Mais aujourd’hui, je peux le faire sans danger.
Je te vois et les presque trente années écoulées n’ont pas vraiment modifié ta beauté. Je reconnais chaque expression de ton regard, chaque geste, chaque intonation de ta voix. Je reconnais ton sourire et ton rire, la cicatrice au bord de ta lèvre, les reflets verts de tes yeux.
Je reconnais tout ce qui à cette époque me transportait d’amour et de désir pour toi.
J’ai retrouvé il y a quelques mois le recueil de poèmes dont tu étais l’inspirateur et le dédicataire, et te revoyant je comprends encore chaque mot que j’ai écrit. Je n’ai rien oublié de nous, même s’il n’y eut jamais vraiment de nous.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Une grande tendresse à ton égard, et une gratitude aussi car sans toi, sans la musique que tu m’as fait découvrir, sans l’amour déraisonnable que je te portais et qui m’a fait m’y investir, je ne vivrais pas cette histoire étonnante qui m’anime aujourd’hui.
Tu auras changé ma vie plusieurs fois.
Il aura fallu la mort de ton frère pour en prendre conscience.