Je me suis fait remarquer à l’aéroport puis dans l’avion avec mes larmes de crocodiles, mais je t’ai vu pleurer aussi, toi, quand j’ai franchi la ligne qui indiquait que nous n’étions déjà plus dans le même pays. Faire ce pas me paraissait au dessus de mes forces, c’était un arrachement physique, doublé de tant d’incertitudes…il a bien fallu pourtant.
En retrouvant mon appartement, je n’ai pas pu dire « je suis chez moi ». Tout me semblait à la fois trop grand et trop petit, insipide, les questions de l’entourage étaient comme du vinaigre versé sur une peau à vif.
Lundi, jour du muguet, j’ai zappé les clochettes pour une grasse matinée que j’espérais réparatrice. L’après midi, il a fallu commencer à défaire les valises…Mon dieu que c’est déprimant, de défaire les valises dans ces conditions. Trier, ranger, classer, archiver en quelque sorte ce qui vient d’être vécu, dans le tiroir à souvenirs. Memento quia pulvis est , et in pulverem reverteris. Il m’a semble sortir de mes valises à la fois des pépites et des monceaux de cette poussière là.
En fin d’après midi, je rejoins des amis pour un tea-time rapidement transformé en apéro, et apprends que mon hôtesse s’est très récemment fait demander en mariage par son amoureux…( je veux la recette !!)
Mardi, reprise du travail. Après une « nuit » de 3 heures, renouer avec les joies de la sonnerie du réveil, les embouteillages, et tout ce qui fait le piment de ce boulot.
Attendre à la porte que les collègues ayant les clés arrivent.
Constater, une fois entrées dans le centre de formation, que la porte blindée a été attaquée au pieds de biche pendant le week-end.
S’apercevoir aux hululements sinistres dans les escaliers que le voisin du 3e étage est sorti de l’hôpital psychiatrique* , qu’il a pour une raison obscure omis de fermer son robinet, que l’eau ET le plafond sont tombés sur le photocopieur du 2e étage…
Faire un point sur les dossiers à reprendre et voir que les documents « ad hoc » ne sont plus les mêmes.
Enfin rencontrer le seul stagiaire ayant daigné se déplacer de la journée, un pauvre type, toxico sous méthadone, complètement au radar, et qui entend exercer le doux métier de grutier ( hum… est ce bien raisonnable ? compte-t-il prendre au pieds de la lettre l’expression « il m’est tombé dessus à l’improviste » ?)
Mais surtout, retrouver les collègues de l’équipe, se raconter nos vies, rigoler entre filles .
Ça fait du bien l’amitié.
* Voir sur le blog d’Hélène, « conseillère en insertion » le post sur Chewbaka…