Une chose me surprend souvent lorsque je participe à des formations, lorsque j’entend des commentaires sur ce métier nommé « accompagnateur à l’emploi » ( ailleurs « conseiller en insertion professionnelle », « formateur »,…), c’est cette remarque qui revient inévitablement : c’est un métier qu’on ne peut pas exercer longtemps, il faut le faire 3 à 5 ans et puis changer. (Hum…aurai-je dépassé à l’insu de mon plein gré la date de péremption ?)
Pourquoi cela ? Pourquoi ne dit-on pas aux travailleurs sociaux, aux enseignants, aux éducateurs qu’ils ne peuvent exercer leur métier de manière honnête que 5 années ?
Est ce un moyen de nous expliquer que nous faisons un sous-métier, qui ne serait qu’une solution palliative avant d’en trouver un autre, un vrai, une fois la première expérience acquise ? Un sous-métier, sous-payé, pour s’occuper des sous-citoyens…cela ne manque pas de cohérence en effet !
Une chose est sure, c’est qu’il est difficile de « faire carrière » sur un poste d’accompagnateur ou de formateur. Pas de perspective d’évolution du poste, ni d’augmentation de salaire : pour moi c’est la seule raison qui pourrait me pousser à changer de boulot un jour.
L’autre défi est qualitatif, ou, plutôt, humain : comment arriver à rester « frais » suffisamment, ne pas se laisser gagner par des automatismes de procédure ou de pensée, ne pas être aigri par le manque de marge de manœuvre que nous avons sur nos structures, découragés par les Himalaya que nous rencontrons sans pouvoir les gravir ou les contourner, par les lourdeurs institutionnelles, les politiques locales et nationales, le marché de l’emploi, les infinies déclinaisons de la misère qui visitent chaque jour nos bureaux…
Ceci dit, alors que se multiplient partout et y compris dans l’insertion et la formation les « procédures qualité », on nous demande, sur le fond, de moins en moins de qualitatif vrai. Accompagnateurs à l’emploi, nous avons un chiffre à faire au même titre que des commerciaux, un objectif à atteindre : il s’agit de faire en sorte que X personnes chaque année décrochent un contrat de travail
-non pas un emploi qui leur convienne ou les aide à s’épanouir, mais un boulot les fasse sortir du dispositif RMI, disparaître, fut ce juste pour quelques mois, des statistiques du chômage…
Malheur à celui qui ne remplit pas son quota, il risque sa place.
Malheur au stagiaire qui ne rentre pas dans les bonnes cases au bon moment, il risque son RMI.
A coté de cela, on assiste d’années en années à la fonte des ressources : les formations linguistiques ont disparu, les remises à niveau deviennent rares, les accompagnements purement sociaux sont supprimés… Or, comment peut on courir si on n’a pas appris à marcher ? Comment peut on marcher avec les 2 jambes brisées ? C’est bien joli d’arguer « tous des fainéants » et de plastronner avec des formules « il faut remettre la France au travail », encore faut il s’en donner réellement les moyens, avec des politiques de l’insertion cohérentes et efficaces, et non pas des effets d’annonces et des dispositifs plus proche d’onéreux emplâtres pour jambes de bois que d’aide réelle aux personnes.
Un des moyens de réaliser cela serait sans doute de donner un véritable statut aux acteurs de l’insertion socioprofessionnelles autre que les travailleurs sociaux, de leur assurer des salaires et des conditions de travail décents.
Ainsi, on entendrait plus aussi souvent dire « c’est un métier qu’on ne peut faire que 3 ou 5 ans » …
Occident-Express - Page 62
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Du provisoire qui dure...
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Bêtisier, suite
Mon nouveau poste m’offre moins de possibilités d’enrichir mon bêtisier que l’ancien, néanmoins, je peux rajouter quelques anecdotes : Il y a quelques temps de cela, je convoque une dame qui était suivie depuis plus de 2 ans sur la mesure d’accompagnement à l’emploi, et pour qui ça ne servait à rien. Je la reçois de manière formelle, et lui dit : -Je vous ai convoquée pour parler de la fin de votre accompagnement Et elle, avec de grand yeux candides, me répond : - Pourquoi, vous partez ? Hum… de l’inscription à vie dans les dispositifs d’insertion… Comme le nom l’indique : Je tape aujourd’hui le Cv d’une dame qui a travaillé dans une banque joliment dénommée « Duménil-Leblé » La banque Leblé, j’adore !! Et parce que les bourdes ne sont pas toujours du même coté : Je faisais hier un mail de candidature pour une dame, et au lieu de préciser « titulaire du CAFAD » (diplôme d’aide soignante), je note « titulaire du CAFARD ». Là où le lapsus en devient vraiment un, c’est qu’il se trouve que cette dame est en cours de reconnaissance COTOREP pour dépression chronique …
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Happy Birthday !
Il y a un an jour pour jour, j'étais dans l'avion pour Boston. Hasard ou coincidence, j'ai fait cette nuit un bien étrange rève, mêlant histoire passée et histoire présente...
J'ai parfois l'impression que cette période appartient à une autre vie. Du passé, que nous reste il, à part quelques cicatrices et une poussière de souvenirs ?
La nostalgie m'emene parfois vers le Garder Museum et le café Kiraz, j'ai encore présente à mes yeux la skyline des buildings sur l'autre rive de la Charles et les ecureuils du Public Garden. Je me souviens de ces effets de "persistante rétinienne", à mon retours, quand se superposaient les images de la Back Bay aux paysages cézanniens de la sainte Victoire au printemps.
J'ai gardé mon carnet de voyage, avec une pochette du sable de Wonderland, avec les cartes de visite de quelques personnes, de quelques restos, les tickets d'entrée des musées et des spectacles, j'ai ai meme gardé une copie d'une certaine licence de mariage qui n'a jamais servi. C'est une sorte d'ancrage pour ne pas oublier, pour ne pas tout oublier.
Il faut croire que l'on va toujours au bout de soi même quand on décide de partir au bout du monde. 5 000 km pour découvrir ses propres limites, 3 mois d'exil pour passer l'épreuve du feu...
Hasard ou coincidence aussi, j'étais hier à la Brulerie Richelme, lieu aixois dont j'avais appris l'existence à Boston, et que m'a fait découvrir l'été dernier miss Carpe Diem, connue sur le nouveau continent dans des circonstances que n'aurait pas reniées Feydeau. Nous y avions évoqué le capuccino pris dans ce café italien du North End en avril, devisé des directions que prenaient nos vies respectives, donné des nouvelles des gens d'ici et de là bas., concluant sur le fait que seul le mépris pouvait survivre à l'amour dans ces circonstances là.
Life is just like a roller-coaster !