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Occident-Express - Page 44

  • Funérarium

     

    Visite au funérarium aujourd’hui.

     A l’époque, j’avais refusé d’y aller pour mon grand père, je ne voulais pas qu’une image de mort ou de maladie –j’étais si peu allé le voir à ‘hôpital aussi, le pauvre, ne vienne  remplacer dans ma mémoire l’image de lui en pleine santé. Le fait est que j’ai lourdement payé ce choix en regrets et en culpabilité depuis.

    Je n’avais pas cette fois ces excuses. J’ai vu la vie la quitter, j’ai vu son visage transformé par les épreuves, je l'ai entendue dire "je vais /je veux mourir", alors qu’est ce qui pouvait être pire ? Et puis je voulais la voir encore avant de ne plus pouvoir la voir du tout.

    C’est une étrange image qu’une personne dans un cercueil. Visage apaisé mais pas vraiment son visage, pas celui de l’hôpital, pas celui d’avant non plus. Plus  de trace de souffrance mais plus vraiment elle non plus. Un visage de statue de cire. Et pourtant il me semblait par moment, en la regardant, qu’elle va ouvrir les yeux, sourire et se redresser.

    A ses cotés, une photo de mon grand père (j’espère qu’il l’a tient dans ses bras aujourd’hui), une petite effigie de la Vierge qu’elle avait sur sa table de nuit, à son cou une chainette avec un cœur d’ambre que je lui avais offert.

    Et tout autour, les fleurs, l’odeur des lys, les gerbes, le cœur fait de roses roses, blanches et d’orchidées, qui sera mon dernier cadeau pour elle.

    Aujourd’hui mes parents recevaient le curé pour préparer la cérémonie : il me demande de préparer un texte pour le lire lors des obsèques. Une action de grâce, dit il, des remerciements pour ce qu’elle nous a transmis, quelques mots sur ce qu’elle était pour moi. Il nous demande aussi quelques photos – difficile épluchage des albums, où l’on voit désormais toujours plus nombreux les visages de ceux qui sont partis, où revoir des photos d’elle en pleine forme est à la fois un baume et un crève cœur.

    Au funérarium, près d’elle, j’ai écrit quelques mots. Je lui ai parlé aussi, doucement, pour lui dire que j’espérais qu’elle aimerait ce texte et qu’elle me pardonnerait de ne pas avoir la force de le lire moi-même. Lui dire combien je l’aimais et combien j’espère qu’elle l’a su, qu’elle l’a senti quand elle était vivante. Lui dire bien d’autres choses encore, même avec cette voix que le chagrin me casse, même si son corps ne les entends plus, peut être son âme les reçoit elles.

     

    Ma Mamie Chérie,

    Au moment où il faut se dire « au revoir », j’aimerais évoquer et partager en quelques mots ce que tu représentais pour moi.

    Comme toutes les personnes qui t’ont connue, je retiendrai ta générosité et ta joie de vivre : toujours souriante et gaie, coquette – et gourmande aussi !

    J’aimerais te remercier pour ces jolies valeurs que tu m’as transmises, et qui faisaient de toi cette personne si appréciée et estimée de tous.

    J’aimerais aussi te remercier d’avoir été ce rayon de soleil, cette fontaine d’amour inépuisable.

    Merci pour cette présence à mes cotés pendant ces presque 4 décennies, chemin fait de complicité et de tendresse à chaque instant.

    Aujourd’hui, malgré la tristesse, je ne veux retenir que cet amour.

    Je sais que tu continueras de m’accompagner, même si c’est d’une autre manière.

    Je te garderai toujours dans mon cœur.

     

     

     

     

     

  • La déchirure

    Elle est partie.

    13h30 ou quelquechose comme ça .Une partie de moi est morte en meme temps, la part douce et dorée de mon enfance est morte elle aussi aujourd’hui.
    J’étais présente aupres d’elle tant que j’ai pu, tous les soirs de cette semaine depuis son opération, aujourd’hui jusqu’à son dernier souffle et pourtant cela ne me semble pas assez. Parce que ce ne sera plus jamais possible, maintenant, d’aller la voir, de lui parler, de passer du temps avec elle, de lui apporter les petites gâteaux à la chantilly qu’elle aimait tant .
    Je n’avais jamais vu mourir quelqu’un avant aujourd’hui. Jamais entendu ce râle, ces sonneries d’appareils, le temps qui s’étire et en même temps chaque minute qui compte parce qu’elle sera peut etre la dernière et qu’on veut ma garder encore un peu, un tout petit peu, avec nous .
    J’ai prié pour que ce dieu dans lequel elle croyait vienne la chercher parce que je n’en pouvais plus d’entendre son râle, de voir ses épaule ses soulever brusquement, s'affaisser, demeurer un instant immobiles pour se relever à nouveau brusquement . Même si les soignants vous disent qu’elle ne souffre pas, qu’elle a de la morphine et des calmants, qu’elle n’a plus sa conscience de toute façon. Comme pour nous dire qu’elle était déjà partie et que seul son corps est encore là, dans sa lutte mécanique et perdue d’avance.
    Hier elle a serré ma main dans la sienne, peut etre pour me dire au revoir, et c’est la dernière fois de nos vies à toutes les deux qu’on se tenait ainsi la main .
    Aujourd’hui c’est comme si quelque chose derrière moi avait été tranché me laissant dos au précipice, et devant la route n’est pavée de tout ce qui ne sera plus possible.
    Je voudrais m’endormir et me reveiller demain, que cela ne soit qu’un affreux cauchemar et que je puisse reprendre avec elle une conversation, lui montrer les photos de mon appartement et l’emmener faire les soldes, lui ramener de voyage un magnet pour sa collection …
    Elle qui n’était qu’amour...

    Je taime, Mamie.

  • Objectif robinets, ou : Sisyphe, ça suffit !

    Ce weekend férié a été consacré, en grande partie, au chantier : original, non ?

    L’objectif était de trouver des robinets (jusque-là rien d’insurmontable, dirait-on) pour la cuisine et la salle de bain, ainsi que le système de douche. Il fallait aussi retourner à Ikea car deux des portes se sont avérées avoir un défaut : il fait donc les changer. Cela a été fait rapidement et sans problème, le SAV d’Ikea ne contrôlant même pas les pièces sur le mode  du «on fait confiance au client ». J’en ai profité pour changer les poignées des portes : j’avais prévu des boutons pour les portes des placards muraux, mais une fois en situation je me suis dit que ça allait faire bizarre et qu’il valait mieux mettre les mêmes poignées qu’ailleurs. Là aussi, pas de problème : « le client a le droit de changer d’avis ». Ils sont décidément cool ces suédois.

     

    Samedi par contre, les joies de plan de campagne –heureusement modérément mondu, les gens ayant dû partir pour à l’occasion du weekend prolongé ou aller à la plage au lieu d’encombrer les centres commerciaux, ce qui nous arrangeait bien. Et là s’est ouvert devant moi un univers que je ne soupçonnais pas : le vaste monde du du robinet ! Du 1er prix à 8€ au modèle de luxe à 300€, des blancs, des chromés, des brossés, des colorés, des dorés, des avec douchette et des sans douchette, des avec des LED qui clignotent et changent de couleurs en fonction de la température de l’eau, des mélangeurs, des mitigeurs, des cous de cygne, des becs fixes et des becs pivotants... Waouh ! J’imagine qu’il y a plein de gens qui travaillent la dedans : la R&D du robinet pour inventer le modèle qui fera les frites et le café, voire réinventera l’eau tiède, le marketing du robinet pour faire croire au client que ce robinet précis est bien mieux que son voisin, toute une industrie pour au final le même service, faire couler l’eau dans nos cuisines et salles de bain.

    Nous ressortons donc muni d’un mitigeur pour la cuisine, somme toute assez classique, puis commençons la même quête pour la salle de bain, avec la variation du même thème pour les douches. Même gamme de prix étendue, même multiplicité de détails et spécificités… J’ai sciemment écarté les installations sophistiquées de type spa, hydro massage ou pommeau géant « façon pluie », qui à moins d’avoir une salle de bain de 20m² doivent surtout servir à mettre de l’eau partout et à transformer la pièce en pataugeoire. Au final ce sera donc un robinet thermostatique (j’ai découvert ça à l’hôtel à Paris le weekend dernier, une fois le principe compris j’ai trouvé ça pas mal du tout) et une douchette à jet réglable –évidement, en rupture de stock au moment où nous voulions l’acheter.

     

    Ne voulant pas rompre cette belle dynamique, je me dis que c’est le moment idoine pour retourner dans le magasin où j’avais vu le carrelage de salle de bain de mes rêves, histoire de faire un petit devis voire une petite commande. A peine devant le panneau d’expo, je vois une croix dessinée au marqueur noir sur le carreau, ainsi que sur toute une série de la même marque… aie … Mauvais augure ! La confirmation vient sans se faire attendre : la série ne se fait plus, l’usine a arrêté la fabrication de ce modèle. Arf … Je crois que j’en aurai pleuré de rage sur le moment !

    Ça fait des mois que j’arpente tous les magasins de carrelage du pays d’Aix, et au moment où je trouve enfin quelque chose qui me plait, il faut que l’usine ait décidé d’arrêter la série ! Donc tout est à refaire, au détail près que je n’avais rien trouvé de palpitant sur les précédents showrooms, que ça devient urgent car la salle de bain est la prochaine pièce sur la liste, et que je n’ai en ce moment ni beaucoup de temps ni beaucoup de disponibilité pour cette quête …

     

    Je me sens donc de nouveau dans une sorte de profonde empathie avec ce brave Sisyphe, à devoir recommencer à zéro un chapitre que je pensais avoir bouclé. Sauf que je suis sure que Sisyphe n’avait pas, en prime, sa mère au téléphone 12 fois par jour pour lui demander s’il avait fini de monter son rocher !