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Blog - Page 9

  • La déchirure

    Elle est partie.

    13h30 ou quelquechose comme ça .Une partie de moi est morte en meme temps, la part douce et dorée de mon enfance est morte elle aussi aujourd’hui.
    J’étais présente aupres d’elle tant que j’ai pu, tous les soirs de cette semaine depuis son opération, aujourd’hui jusqu’à son dernier souffle et pourtant cela ne me semble pas assez. Parce que ce ne sera plus jamais possible, maintenant, d’aller la voir, de lui parler, de passer du temps avec elle, de lui apporter les petites gâteaux à la chantilly qu’elle aimait tant .
    Je n’avais jamais vu mourir quelqu’un avant aujourd’hui. Jamais entendu ce râle, ces sonneries d’appareils, le temps qui s’étire et en même temps chaque minute qui compte parce qu’elle sera peut etre la dernière et qu’on veut ma garder encore un peu, un tout petit peu, avec nous .
    J’ai prié pour que ce dieu dans lequel elle croyait vienne la chercher parce que je n’en pouvais plus d’entendre son râle, de voir ses épaule ses soulever brusquement, s'affaisser, demeurer un instant immobiles pour se relever à nouveau brusquement . Même si les soignants vous disent qu’elle ne souffre pas, qu’elle a de la morphine et des calmants, qu’elle n’a plus sa conscience de toute façon. Comme pour nous dire qu’elle était déjà partie et que seul son corps est encore là, dans sa lutte mécanique et perdue d’avance.
    Hier elle a serré ma main dans la sienne, peut etre pour me dire au revoir, et c’est la dernière fois de nos vies à toutes les deux qu’on se tenait ainsi la main .
    Aujourd’hui c’est comme si quelque chose derrière moi avait été tranché me laissant dos au précipice, et devant la route n’est pavée de tout ce qui ne sera plus possible.
    Je voudrais m’endormir et me reveiller demain, que cela ne soit qu’un affreux cauchemar et que je puisse reprendre avec elle une conversation, lui montrer les photos de mon appartement et l’emmener faire les soldes, lui ramener de voyage un magnet pour sa collection …
    Elle qui n’était qu’amour...

    Je taime, Mamie.

  • Accelerando

    Je viens d'apprendre - enfin, je sais depuis quelques jours, que le top départ pour les travaux chez moi est prévu pour mars, et même début mars. C'est à dire ... dans 3 semaines ! Moi qui m'étais préparée psychologiquement pour un démarrage en mai ( on m'avait dit "au printemps" donc allez savoir pourquoi j'avais associé "mai" ), je me retrouve légèrement prise de court parce que concrètement, rien n'est prêt !

    Certes, il y a bien quelques sujets qui ont avancé : le plan de ré-agencement de la salle de bain et de la cuisine, après moult versions successives et moult prises de têtes, semblent enfin fixés, moyennant un pèlerinage chez Ikéa samedi dernier, bien calé entre une assemblée générale et un repas de famille en forme de réunion de chantier. Manque encore ce satané carrelage de sol, tout l'électroménager ; l'énigme de la crédence, du plan de travail et de la couleur des murs de la cuisine reste à résoudre ainsi que l'aménagement de la chambre (tapisserie, dressing,...), et j'en oublie. Et même dans ce qui a été choisi, rien n'est acheté ! Je pensais naïvement démarrer les travaux une fois tout choisi, acquis et stocké afin d’être utilisé au fur et à mesure de l'avancée du chantier, visiblement ça ne va pas exactement être le cas !

    Évidement aussi, tout s’accélère au moment où mon temps disponible pour gérer tout ça vient de rétrécir furieusement, suite au démarrage lundi de ma nouvelle mission de travail. Loin de moi l'idée de m'en plaindre, mon objectif était d’être en poste au moment des travaux, je suis très contente que ce soit le cas : en effet, je ne vois pas du tout comment j'aurais pu concilier recherche d'emploi et chantier.

    Reste qu'il faut organiser le déménagement, puisque nous organisons un repli stratégique dans le studio pendant au moins 2 mois, histoire de laisser le champ libre au chantier. Vider les meubles et les placards, faire les cartons, distribuer ce qui va être utilisé donc emporté et ce qui va être stocké un peu dans notre cave, beaucoup dans le garage de mes parents, trouver des bâches pour protéger les meubles qui resteront sur place, etc . Et bien sur, aussi, finaliser les choix, effectuer les achats ... Tout en assurant le boulot, le quotidien, les activités annexes qui elles aussi continuent et retranchent autant de disponibilité ...

    Bref, si quelqu'un connaît une manière de démultiplier le temps, qu'il me donne la recette !

  • Looking back

    Cela fait toujours drôle de revoir, des années après quelqu'un avec qui on a vécu une histoire. On se souvient des bons moments, des raisons de la rupture, on se dit que c'était bien d’être ensemble au début et bien de se séparer à la fin.

    Quand j'ai connu cette personne, il travaillait, faisait des projets d'avenir, comme tout jeune homme finissant sa vingtaine. Nous nous étions installés ensemble -un passage pour l'un et l'autre du nid familial à la vie de couple. Tout allait bien au début, puis des divergences sont apparues : j'avais envie de bouger, il était casanier, nous partagions peu de goûts ou d'activités. Nous nous sommes mis à vivre à coté l'un de l'autre plus qu'ensemble. Puis il a cessé de travailler. Puis son père est tombé malade, et nous avons enchaîné pendant près d'un an les week-end à l’hôpital, jusqu'à l'issue fatale. L'épreuve ne nous a pas rapproché. Il a décrété que, puisqu'il allait mourir à 50 ans comme son père, ce n'était pas la peine qu'il se fatigue à aller travailler. Je me suis donc retrouvée à vivre avec quelqu'un qui dormait quand je partais au boulot, et que je retrouvais le soir vautré sur le canapé. Ce n'était plus possible, il n'y avait plus de projet, plus d'envie, plus de couple. Des disputes, puis une séparation. Sa mère, très rapidement après notre séparation, est aussi tombée malade, elle est morte moins de 2 ans plus tard. Égoïstement j'étais soulagée de ne pas avoir eu à traverser cela aussi . J'avais bien rendu une ou deux visite de courtoisie à la malade, mais cette histoire ne m'appartenait déjà plus.

    Cette semaine, j'ai dû reprendre contact avec lui pour établir un papier officiel disant qu'il n'habitait plus chez moi depuis plusieurs années. Je suis donc retournée le voir, dans sa maison de famille, celle héritée de ses parents, où il habite et qu'il partage avec un de ses frères - étrange cohabitation puisqu'ils font tout leur possible pour se croiser le moins possible.

    Je n'ai jamais trouvé cette maison agréable : sombre, encombrée, "rustique"version "brut de décoffrage". Elle l'était un peu moins du vivant de sa mère : sombre oui car c'est une vieille maison aux murs épais et aux petites fenêtres, encombrée aussi mais de façon un peu plus accueillante. J'ai retrouvé là une sorte de maison de vieux garçons, en désordre, peu entretenue, froide.

    Il ne travaille pas, vit du RSA , replié dans sa maison : il a récupéré à l'étage une chambre et la salle de bain attenante, un mouchoir de poche au crépi blanc sale, avec un lit toujours défait, une télé, une collection de DVD. Il s'est rajouté une plaque chauffante pour se faire à manger sans avoir à descendre dans la pièce commune et stocke sa nourriture dans le placard de la chambre. Il m'explique qu'il a la vie qu'il voulait, tranquille, dans sa maison et sans travailler. Il vit du RSA et des aides publiques, espère que la gauche va passer pour obtenir plus d'aides sociales. Il cultive un peu d'herbe pour arrondir ses fins de mois.

    Je suis contente qu'il ait une vie qui lui convienne, même si je ne peux pas m’empêcher de douter que l'on choisisse vraiment ce genre d’existence, ce renoncement à construire et à progresser , qu'on soit vraiment heureux dans un si petit périmètre et avec de si petites perspectives. Je ne peux pas m’empêcher de trouver cela un peu triste et sordide. Triste surtout parce que c'est une vie qui le condamne à la solitude -quelle fille viendrait durablement s'installer dans ce système? Je lui souhaite néanmoins de trouver quelqu'un qui accepteras de vivre dans un petit village et une vieille maison avec un homme qui vit des aides sociales, je me dis que s'il rencontre quelqu'un il changera et reprendra le chemin de la vie mais ans trop y croire -j'avais déployé beaucoup d'énergie pour ça à l'époque et ça n'avait pas marché.

    Je pense que nous étions tout de même contents de nous revoir, il a été adorable pour mon document administratif et il m'a reçue à bras ouverts. Nous avons discuté comme de vieux amis . Il n'y a plus de rancune ou d'animosité entre nous. Il y a juste le temps qui a passé et les chemins qui ont divergé.