J’ai eu l’occasion de passer à Marseille la semaine dernière, pour raison « professionnelles » (une conférence formative sur les tests de recrutements organisée par la cité des métiers). La conférence en elle-même a été instructive –pas révolutionnaire non plus, mais au moins cela permettra d’être moins naïf si un jour il faut se livrer à ce genre d’amusement. Ce fut aussi l’opportunité aussi de se retrouver, avec une copine de promo, afin de papoter et de se raconter nos vies de jeunes diplômées de 37 ans à la recherche d’un emploi.
J’avais tablé sur les embouteillages et l’espoir que la coté des métiers ouvrait à des heures classiques, oubliant qu’on était en période de vacances scolaires, je suis arrivée presque 45 minutes à l’avance et ait trouvé porte close. L’occasion d’aller prendre un café sur le Vieux Port et de profiter du soleil matinal, dans la ville encore à peu près calme. Un vrai panorama de carte postale, avec les mats des bateaux qui tintinnabulent, l’eau qui miroite, la silhouette du fort et la « Bonne mère » qui veille sur Marseille, toute drapée de lumière dans sa robe dorée, en haut de sa colline.
Sauf que ce que la carte postale ne mentionne pas, c’est la grève des éboueurs et ses conséquences… C’est la deuxième fois que je me trouve à Marseille dans ce genre de circonstances¹, et j’y étais cette fois parait il le jour ou le lendemain de la reprise du travail desdits éboueurs. Evidement, la Mairie, près de laquelle j’avais garé ma voiture, était nettoyée, et ses stricts alentours aussi. Le Vieux Port aussi était dans un état correct, j’ai pu boire mon café sans effluves parasites. Par contre, dépassé ce périmètre, point de salut ! Comme les éboueurs avaient repris, les tas d’ordures étaient moins spectaculaires, mais concernant l’odeur, caramba ! C’était intenable. Imaginez nager dans un océan de nuoc mam, ou quelque chose comme ça. Heureusement, à l’heure qu’il est, les choses doivent être rentrées dans l’ordre et les 3 jours de pluie du week-end de Toussaint on dû aider à laver la ville de ces scories aromatiques.
Cette journée a été aussi le prétexte à « tribute » auquel je m’étais promise depuis quelques temps. Un Starbucks Coffee a ouvert en mai à Marseille, rue de la République, et je m’étais en effet promis d’y aller, en mémoire de ceux que j’ai assidûment fréquentés à Boston. Dans la lignée de la réhabilitation du centre ville, Starbucks s’est installé dans les locaux d’un ancien café aux décors art déco : hauts plafonds, frises, et miroirs tout en volutes. J’ai retrouvé le même mobilier, bois blond et fauteuils en cuir façon petit salon, les mêmes goodies, les mêmes gourmandises au comptoir (bagels, pan cakes et autres muffins assez appétissants), le même comptoir à toppings où l’on peut choisir son sucre et saupoudrer sa boisson de chocolat en poudre ou de cannelle. Starbucks était à Boston le seul endroit où je trouvais de «bons» gâteaux et du «bon» café, et je retrouve ici une carte des consommations tout à fait jumelle. Là bas, j’aimais me poser au grès de mes ballades, pour profiter des salons cosy et feutrés, mon bloc note à la main pour rédiger les notes de mon blog. J’aimais m’y poser pour regarder la vie, la ville, les gens, les écouter, parfois discuter avec eux, pour m’étonner et me remplir de cet « ailleurs » si attractif et déconcertant. Me poser ici pour y déguster un « expresso macchiato » m’a donné tout loisir d’y repenser. Cependant, «cagole marseillaise », «odeurs de poubelles » et «ambiance feutrée» ne s’accorant pas franchement, j’ai battu en retraite rapidement, non sans me promettre d’y retourner dans d’autres circonstances et cette fois, accompagnée de quelqu’un qui saura bien partager ma nostalgie.
Cette note est dédiée spécialement à Elsa pour la nostalgie des Starbucks, et à mes anciennes collègues de travail qui sauront parfaitement identifier l’odeur des jus de poubelle que j’évoque, pour l’avoir comme compagnie dans leurs bureaux certains jours.
¹http://occident-express.hautetfort.com/archive/2006/06/28/beurk.html